Ecotopia – Écologie étatique

« Écotopia» est un roman d’anticipation écologique de l’écrivain Ernest Callenbach (1929-2012), également journaliste et fondateur de la revue cinématographique Quarterly.  Paru aux éditions Gallimard dans la collection Folio SF en janvier 2021, il  s’agit d’une réédition d’une œuvre parue pour la première fois en 1975 aux USA.

Ecotopia-Ernest Callenbach-Folio SF
Ecotopia de Ernest Callenbach © Folio SF

Comme une terre inconnue à explorer

Sécession aux USA

Dans un monde uchronique, trois grands états des États-Unis (La Californie, l’État de Washington et l’Oregon) ont fait sécession pour fonder un gouvernement axé sur un programme écologique radical. Les frontières ont été fermées  et les habitants des autres états n’y sont donc plus les bienvenus…

Un journaliste en exploration en Écotopia

William Weston est pourtant un journaliste qui obtient l’autorisation, pour la première fois, de se rendre en Écotopia. Durant son exploration, il nous livre ses articles et ses notes personnelles. Malgré ses a priori d’Américain classique et de citadin désabusé (il réside à New-York), il s’efforce d’observer objectivement la vie de ses habitants.

Il est cocasse de constater qu’il agit comme un anthropologue qui découvre un monde inconnu, avec ses coutumes, ses valeurs et ses rites.

Ecologie à tout prix

Fin du consumérisme et de l’obsolescence programmée, rejet des voitures et de tout ce qui est susceptible de polluer, recyclage, etc. : un grand programme politique est mis en place afin de rendre réel une gouvernance unique et originale.

Néanmoins, la technologie n’est pas rejetée, contrairement à ce qu’on peut lire dans d’autres romans (Ravage de Barjavel par exemple). L’électricité est utilisée partout, des innovations sont même mises au point. La télévision existe toujours et les « vidéophones » s’utilisent quotidiennement.

En revanche, point de web ni de portable (bien qu’il y ait toujours le téléphone), mais à l’époque de la publication de ce roman, ces technologies n’existaient pas encore…

Des relations humaines différentes

Les relations interindividuelles elles-mêmes se sont modifiées : on donne plus de valeur à la sincérité de ses émotions et à l’expression de ses sentiments. L’égalité des sexes y est prônée jusque dans les hautes sphères du pouvoir.

Il est amusant de relever l’embarras et la gêne du journaliste perturbé par une liberté féminine qu’il méconnaissait jusque-là. Il avoue qu’il ne sait plus comment se comporter avec les femmes !

Et pourtant, il va  tomber amoureux d’une Écotopienne.  😉

D’autre part, le système familial est élargi et la société, décentralisée, se compose de multiples communautés. L’individualisme et l’égoïsme y sont également des valeurs méprisées….

Un hymne à la nature

Forêts vénérées

La nature est quasiment sacralisée. Les forêts sont développées, entretenues avec un soin presque amoureux… Et pourtant les villes existent toujours et ne sont pas abandonnées !

Un retour aux sources

Le bois est ainsi utilisé pour fabriquer maisons et objets, ainsi que toute matière naturelle. Ce retour à la Terre Mère est forcément en accord avec la philosophie indienne originelle qui accordait beaucoup d’importance aux relations de l’être humain avec sa planète.

A méditer…

Un roman source de réflexion

Certaines personnes qualifient ce roman de « semi-utopie ».

Il est vrai qu’on s’aperçoit au cours de sa lecture, que certaines des idées du romancier ont été mises en place depuis la publication de son livre en 1975 : les bicyclettes mises gratuitement à la disposition de tous, le développement des transports électriques, le recyclage, la lutte contre l’obsolescence programmée, etc.

Mais l’auteur va beaucoup plus loin dans sa conception écologique d’un monde plus responsable et je vous invite à vous pencher sur son roman pour davantage de détails.

Personnellement, j’aime beaucoup l’idée d’immenses forêts protégées, de jardins et de parcs créés à la place de parkings bitumés.  🙂

Mais l’écrivain nous interroge également : même si un pays décidait un tel programme écologique, il reste néanmoins en relation avec d’autres pays qui n’appliquent pas le même programme. Et ces pays sont tout à fait capables d’entrainer des catastrophes écologiques qui toucheront la planète entière. Même ce pays à l’éthique soi-disant irréprochable…

Certes, les nombreuses descriptions risquent de décourager certains lecteurs. Mais toute personne qui s’intéresse, même un peu, à l’écologie et au développement durable, verra dans ce roman, une source de réflexion qui peut aboutir à d’enrichissantes discussions et peut-être nous inspirer pour les années à venir ?  😉

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