Un bonheur insoutenable – Une dystopie remarquable

Un bonheur insoutenable (This perfect day), le roman d’anticipation de l’écrivain américain Ira Levin (1929-2007), paraît en 1970. Anticipation mais aussi dystopie, sous-genre de la science-fiction incitant chaque lecteur à ouvrir son esprit et à réfléchir sur ce qui n’est pas, mais ce qui pourrait être…

un bonheur insoutenable Ira Levin
"Un bonheur insoutenable" d'Ira Levin © J'ai Lu SF

Une société programmée et déshumanisée

Qu’est le bonheur ? Peut-on l’imposer ?

En ce qui concerne Copeau, alias LI RM35M 4419, sa vie est programmée depuis sa naissance et il pense être heureux.

Comme ses semblables, il doit suivre un traitement régulier qui le met à l’écart de toute violence et le protège de toute maladie. Son affectation professionnelle lui est dictée par UniOrd, le gigantesque ordinateur enfoui au cœur des Alpes.

Si le bracelet qu’il porte à son poignet lui indique les accès qu’il peut franchir, et si tous les humains meurent à 62 ans, c’est tout fait normal pour lui !

Un être humain sans émotion et sans désir

Copeau ne manque de rien mais n’espère rien. Il ne sait pas ce qu’est l’amour, il ignore le concept de liberté. Chacune de ses émotions, toute pulsion agressive, est contrôlée par le traitement qu’il suit depuis la naissance.

Pourtant, parfois, Copeau s’interroge. Il ne comprend pas vraiment qu’on l’incite à devenir généticien alors qu’il se sent porté vers d’autres activités. Mais qu’importe puisqu’UniOrdi l’a décidé !

Toute opposition est inutile

Contredire les règles, agir en dehors des normes ? Ce n’est pas permis bien sûr. C’est même un indice de maladie. Il faut donc se soigner et adapter son traitement auprès du Médicentre. Tout le monde fait partie de la même grande famille et doit s’entraider s’il constate des signes de la « maladie » chez les autres.

Dans cette société ultra-régulée, la différence et la contestation sont suspectes…

Peut-on se révolter ?

Rencontre avec des rebelles

Copeau rencontre pourtant un jour, clandestinement, quelques personnes curieusement atypiques. Il va découvrir que le monde est plus large qu’il n’imagine et que les gestes quotidiens qu’il effectue ne se résument pas aux simples fonctions vitales et basiques pour tout être humain (manger, boire, dormir…). S’initiant à des activités nouvelles, ses émotions se réveillent, sa réflexion s’élargit. Il découvre même l’amour avec la mystérieuse Lilas…

La révolte ou le réveil de la conscience

Peu à peu, la haine qu’il ressent envers UniOrd grandit au fond de lui. Copeau prend conscience que la société dans laquelle il vit, traite les hommes comme des machines.

Il sait désormais qu’UniOrdi l’empêche de vivre pleinement sa condition d’être humain et que le pseudo bonheur imposé n’est qu’un succédané de la vraie vie. Un sentiment de révolte se diffuse progressivement en son âme « réveillée ».

Mais il n’est pas si facile de s’opposer au Système….

Dystopie et réflexions autour d’un système totalitaire

C’est bien une société dystopique que nous propose Ira Levin, c’est-à dire une « utopie négative », un avenir régi par une doctrine omniprésente qui impose à chacun ses règles de vie. L’écrivain instaure en nous un sentiment de répulsion et de révolte semblable à celui de son personnage principal.

Étrange société où la maladie, la faim, la pauvreté et la guerre n’existent pas… aux dépens d’une déshumanisation de l’être humain et d’une privation de liberté, concept ignoré dans un monde ignorant. Comme dans le roman d’Aldous Huxley, tout est bien dans le meilleur des mondes…

Mais ce roman, à lire ou à relire, incite à la réflexion et nous interroge avec vigueur sur tout système contraignant et sur le prix à payer pour accéder au bonheur et à la liberté…

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