Requiem pour une citrouille

« Requiem pour une citrouille » est un roman de Vincent Dionisio paru aux éditions Inceptio en février 2022, une sorte de polar humoristique qui se déroule sur… Mars ! Oui, c’est original et drôle même si la dérision cache parfois bien autre chose …

Enquête policière sur Mars, planète des nantis

Note : bien que l’action du roman se situe sur la planète Mars, « Requiem pour une citrouille » n’est pas un roman de science-fiction mais plutôt une enquête policière drolatique situé en des lieux et temps inhabituels… J’ai néanmoins décidé d’en parler sur le blog car pour moi, il fait partie des littératures de l’imaginaire et en plus, je l’ai bien aimé. Vous comprendrez pourquoi plus loin… 

Requiem pour une citrouille de Vincent Dionisio paru chez Inceptio
"Requiem pour une citrouille" de Vincent Dionisio © éditions Inceptio - Illustration couverture : Lysiah Maro

Une colonie terrienne sur Mars

En l’an 2113, la vie sur Terre n’est pas folichonne évidemment à cause du réchauffement climatique mais aussi des révoltes, etc. (ça vous étonne ?)

Alors, les Terriens les plus riches ont décidé de fuir leur planète pour établir leur petit paradis sur la planète Mars rendu respirable grâce à l’oxygène fourni par des plantes répondant au doux nom de Soyrbe.

Millionnaires et milliardaires de la colonie Isidis rivalisent d’inventivité et de créativité pour se construire des villas et des domaines immenses (avec des golfs qui ne servent à rien sur Mars !), faisant étalage d’une richesse dont ils ne savent plus quoi faire puisqu’ils ont déjà mis main basse sur tout.

Mars est donc au pouvoir d’une oligarchie de nantis dominée par la famille Van Wolf.

« Les autres multimilliardaires de la planète avaient, à l’occasion, recouvert leurs murs de feuilles d’or. Les Van Wolf avaient construit des murs entiers en or. » (Vincent Dionisio)

Meurtre sur Isidis

C’est le drame au sein de la colonie martienne lorsqu’est assassiné l’homme le plus riche de Mars, PDG de VWST, alias Walter Van Wolf alias « La citrouille ».

On accuse son majordome retrouvé l’arme du crime à la main et la police l’emprisonne, vite fait bien fait. Mais est-ce vraiment le coupable ?…

La plus nulle des détectives ?

Il y a quatre ans, Sam Neff est partie de la Terre pour s’établir sur Mars avec son frère où elle exerce la profession de détective privée.

Malheureusement, depuis, son travail consiste souvent (tout le temps) à rechercher des chats disparus ou constater des adultères, ce qui en fait la risée de toute la police isidienne… d’autant plus qu’elle est un peu (euh…pas mal…) portée sur la bouteille…

« N’importe quelle personne dotée de sens fonctionnels aurait vu une personne imbibée s’efforçant de paraître dans un état normal. Pour Sam, ce n’était pas exactement faux. » (Vincent Dionisio)

Quant à son frère Danny, c’est un glandeur de première (tiens, ça me rappelle quelqu’un…) qui passe son temps à faire semblant de jouer au grand intellectuel en essayant de lire des livres de philo, la laissant aller seule sur le terrain.

Mais voilà que Pritchard Van Wolf, le fils aîné de l’homme assassiné, demande à Sam d’enquêter sur la mort de son père. Alors qu’elle est en proie à des difficultés financières conséquentes, c’est pour elle, le contrat du siècle !

Saura-t-elle résister à ses démons pour résoudre cette enquête plus difficile qu’elle ne l’imagine ?

Et alors ?

Au début, j’ai été un peu surprise par Sam qui avait tout de l’anti-héroïne. Râleuse, pochtronne, vulgaire… Pourtant, peu à peu, je l’ai trouvée plus sympathique et même parfois touchante et souvent drôle.

Au fond, on se dit qu’elle n’a pas de chance et que personne ne l’aide ni ne l’aime vraiment. Pourtant, malgré toutes ses mésaventures, elle continue à résister au désordre ambiant (plus ou moins bien certes), bien décidée à résoudre cette enquête.

Une quête de la vérité qui ressemble à une partie de Cluedo géante dans une ambiance de polar à l’ancienne.

D’autre part, l’auteur a le don d’inventer toute une galerie de personnages cocasses qui semblent s’être échappés des séries policières les plus fameuses : mafieux et dealers « légalisés », policiers corrompus et têtes à claques, milliardaires guindés au visage impénétrable, belle jeune femme aux allures de starlette hollywoodienne…

Avec, en prime, une connaissance des classiques de la Fantasy :

« Des yeux capables d’arrêter un cœur. Des yeux qui auraient pu être les méchants d’une série de films d’horreurs. Des yeux à faire miauler un ours polaire. Des yeux qui auraient intimidé celui de Sauron. » (Description du chef mafieux par Vincent Dionisio)

Et tout ce beau monde évolue dans un microcosme de luxe et de conventions, tout en sachant pertinemment que toute justice rendue n’est que parodique puisque ce sont eux, les puissants, qui dominent leur société.

Et c’est certain, l’écrivain possède un sens de l’humour très prononcé qui transparait dans la description des lieux, des personnages, des situations et des dialogues savoureux (jusqu’aux notes de bas de page et aux remerciements, sans oublier « le tableau des légumes ») …

« Le steak de deux mètres parcourut sa liste de nouveau, dans un effort intellectuel d’une portée si basse qu’il aurait justifié l’envoi de dons. »  (Vincent Dionisio)

Mais aussi :

« De rage, elle envoya un coup de poing dans le mur. Le mur gagna, comme souvent. »

En définitive, « Requiem pour une citrouille » est un polar jubilatoire avec des phrases qui font mouche, un roman distrayant qui dissimule entre les lignes le message d’un écrivain un brin révolté contre les puissantes élites dominatrices d’un monde méprisant et discriminatoire.

L’enquête policière se suit avec délectation et oui, j’ai souri et j’ai ri ! J’ai même quitté avec regret cette détective un peu déboussolée. Et encore, je ne vous ai pas tout dit   😉  

Laisser un commentaire

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial